Une longue tradition

Le tavaillon est issu du savoir-faire des ancelles (plaques de chêne ou d’épicéa de 60 cm à 1 m pour 2 cm d’épaisseur) utilisées comme des tuiles pour la couverture des toits au Moyen-Âge) : il en reprend les principes, avec une fixation clouée et une pose bord à bord à recouvrement vertical. Le tavillon, quant à lui, est posé avec un double recouvrement, avec un chevauchement latéral, plus adapté aux toits courbes.

Il se répand dans les montagnes jurassiennes à partir du XVe siècle. Il est d’abord utilisé pour les petits bâtiments devant absolument rester au sec, les fours à pain ou les greniers forts, car les clous sont encore rares et coûteux et le savoir-faire pour la fente et le parage comme la pose sont moins répandus. Ce n’est qu’à la fin du XVIIe siècle qu’il est utilisé plus systématiquement pour couvrir les toits et les murs exposés de grandes fermes.

Tout commence dans la forêt

Pour réaliser des tavaillons, des épicéas à pousse lente, âgés de 200 à 300 ans sont sélectionnés : recevant peu de soleil sur les versants nord de la montagne, ils ne s’accroissent que d’1 à 2 mm de diamètre par an, offrant ainsi une plus grande dureté et une plus grande densité, gage de durabilité. Il est abattu à l’automne, en phase de repos végétatif et en lune décroissante, période au cours de laquelle ses tissus comportent moins d’eau et fournissent donc un bois moins absorbant.

Fendu et paré dans l’atelier

Loïc Gautheret débite des grumes en meulesStocké en grumes à proximité de l’atelier, le bois est débité en billons puis en meules de 40 cm, à la tronçonneuse, au fur et à mesure du fendage.

Ces meules sont ensuite écorcées à la hache puis fendues par moitiés puis en 16 quartiers.

Fendre les tavaillons

Le bois est fendu pour suivre ses fibres, facilitant l’écoulement de l’eau et réduisant sa perméabilité.

Parage des tavaillons à la hache

Il est ensuite paré à la hache, pour affiner sa partie qui sera recouverte et obtenir un angle parfaitement droit, qui permettra une pose en rangs serrés.

Hache sur un paquet de tavaillonsIl est ensuite stocké en paquets cerclés jusqu’à la fin de l’hiver, dans un abri ventilé.

Posé aux beaux jours

Quand le printemps s’installe, vient le temps de la pose. En toiture, chaque tavaillon est couvert au cinquième, c’est à dire que seul un cinquième de sa surface est visible depuis l’extérieur, chaque point du toit est alors couvert de 4 couches de tavaillons.

Pose de tavaillons superposésEn bardage, il est cloué sur des lambourdes et un voligeage non jointif, et sur les tavaillons voisins, formant ainsi une « bataillée » résistante aux vents chargés de pluie ou de neige, une solide cuirasse d’écailles de bois. Posé à la verticale, il n’est couvert qu’au tiers ou au quart, car l’étanchéité est alors plus facile.

Finition et décor de tavaillonsDes éléments décoratifs peuvent s’intégrer au bardage: fleurs, rosaces, rangs terminaux, tavaillons découpés ou sculptés…

Tavaillons juste après la poseIl ne vous reste alors plus qu’à observer le changement de couleur et la patine des saisons et des années faire son œuvre, en protégeant durablement vos murs de l’humidité et en facilitant le chauffage de votre maison traditionnelle ou contemporaine…


Pour plus d’informations sur le tavaillon, le tavillon et les bardeaux de bois, mais aussi sur d’autres matériaux traditionnels, vous pouvez vous référer au livre « Construire avec les ressources naturelles du massif du Jura » de Marc Forestier, remarquablement documenté et illustré.

Pour mettre en œuvre des tavaillons, les maîtres d’ouvrage et d’œuvre peuvent se référer au guide technique Tavaillons d’épicéa du Haut-Jura, édité par le Parc naturel régional du Haut-Jura.